Le 4 janvier… :
J’ai dû faire une pause hier. Toutes ces histoires me fatiguent, me fatiguent tant que depuis trois jours, je ne fais rien d’autre que me reposer. Feindre de dormir pour tromper mon ennui, voilà tout mon programme ! Je passe mes journées sur le canapé du salon, un livre que je n’arrive pas à lire dans les mains, mes yeux se promenant sur un plafond dont je me demande quand il commencera à m’être familier. J’y lis ma solitude.
Pendant ce temps, la maison reste en chantier. J’ai tant de choses à faire que je n’ai plus le courage d’entreprendre quoi que ce soit. Je repense régulièrement à cette stupide scène et je maudis Gérard, le plus-qu’homme qui fait toujours en sorte que rien ne marche pour moi. Et moi. Moi je me demande « qu’est-ce qu’il y avait dans l’enveloppe » ?
Suite de l’histoire du 2 janvier :
J’ai la lettre dans les mains et je vais ouvrir l’enveloppe, soudain (comme par hasard) je m’emmêle les doigts (la douleur de la brûlure de la veille me lance d’un coup), les pinceaux, les mains, les pieds, le tout bascule en arrière, je fais tout tomber : l’allumette, la lettre, mes fesses sur le sol poussiéreux… J’ai d’habitude un excellent sens de l’équilibre… (Avec un peu de rigueur, ça se serait passé autrement sans doute une faiblesse scénaristique dans l’épisode de Gérard…) Je me cogne l’arrière de la tête contre un mur. Pas assez fort pour m’évanouir, non, juste assez pour me faire bien mal, que ça fasse « cling » dans tout mon corps.
Je me rappelle la lettre, l’allumette, le machiavélique Gégé, le fait que le papier brûle facilement (et même pour tout vous dire, étant très méfiant vis-à-vis du grand Gé, que ma maison est en bois), je n’ai pas encore tout à fait rouvert les yeux, que mes mains, et ce malgré la brûlure, que mes mains sont déjà en train d’explorer le sol à la recherche de l’enveloppe. L’enveloppe et bien sûr, bien sûr…ça me dégoûte…mes mains dans le noir, l’enveloppe qui est en feu, ma blessure… je vous laisse deviner… Je saisis l’enveloppe du côté enflammé avec ma main blessée, j’ouvre les yeux, et alors qu’ils se posent sur ma prise je sens une douleur intense me remonter jusque dans la bouche, je lâche un cri et l’enveloppe qui se consume et disparaît à mesure qu’un mal pernicieux m’envahit : rien de bon pour ma dépression et un nouveau trophée à rajouter au tableau de chasse du vieux Gé’.